Avant d’explorer diverses pistes de solutions pour l’anxiété et la dépression, il serait important de définir ce que c’est. L’être humain est complexe, et il serait réducteur de croire que l’anxiété ou la dépression se manifestent toujours de la même manière chez différents individus. Il en reste qu’on doit tout de même se doter de critères si on veut être en mesure de diagnostiquer un individu, de mieux le traiter ou d’améliorer la recherche sur le sujet. Dans le domaine des troubles mentaux, l’autorité est le DSM (The Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) qui en est à sa 5e version. Il s’agit d’une publication de l’association de psychiatrie américaine qui permet de classifier les différents troubles, et de travailler avec un langage commun. Oui, je me suis déjà amusé à le feuilleter un peu. Voici ce que le DSM a à dire au sujet de l’anxiété et de la dépression.
Anxiété
Alors que la peur est une réponse à un danger perçu immédiat, qui suscite une réaction physiologique incitant au combat ou à la fuite, l’anxiété quant à elle est un focus sur des préoccupation futures, avec un inconfort physique et une tendance à vouloir éviter ce qui déclenche ou aggrave les symptômes. Pour donner lieu à un diagnostic de trouble anxieux, il faut en général que les symptômes soient hors de proportion par rapport au danger réel, et que l’anxiété soit nuisible à un fonctionnement dit “normal”. Il existe plusieurs saveurs d’anxiété: l’anxiété généralisée, le trouble panique, des phobies spécifiques, l’agoraphobie, l’anxiété sociale ou de performance, et l’anxiété de séparation. Par expérience personnelle, bien que ces différentes formes aient été identifiées, elles sont des vases communicants, et quelqu’un souffrant d’anxiété de performance pourrait très bien, éventuellement, avoir des attaques de paniques (ce qui a d’ailleurs été mon cas) et ces dernières pourraient même mener vers une agoraphobie.
Anxiété généralisée
L’anxiété généralisée implique une préoccupation constante et excessive qui nuit aux activités quotidiennes. Elle s’accompagne souvent de symptômes physiques, comme de l’agitation, se sentir sur le bord de craquer, de la difficulté à se concentrer et avoir les idées claires, de la tension, ou de la difficulté à dormir. Les préoccupations sont arbitraires et peuvent porter sur une foule de sujet comme le travail, la santé, des tâches à effectuer ou des engagements.
Trouble panique
On parle ici d’attaques de panique récurrentes. Ces attaques consistent en des symptômes physiques et psychologiques complètement envahissants et source d’une grande détresse. L’ayant vécu à maintes reprises, on parle ici d’une impression que notre corps s’emballe, d’un sentiment de peur intense, que quelque chose de terrible va nous arriver. Les symptômes varient, mais peuvent inclure:
- Palpitations, le coeur qui bat fort ou rapidement
- Sueurs
- Tremblements
- Souffle court
- Douleur à la poitrine
- Se sentir étourdi
- Engourdissements
- Avoir froid ou très chaud
- Nausée et douleurs abdominales
- Se sentir déconnecté
- Peur de perdre le contrôle
- Peur de mourir
Les symptômes sont si sévères qu’on peut avoir l’impression de faire une crise cardiaque ou d’être en train de mourir, ce qui peut mener à l’urgence. Ce fut d’ailleurs mon cas. Aussitôt arrivé à l’urgence, j’ai tout de suite passé le triage, et on m’a rapidement installé en civière et branché au moniteur pour évaluation. On est ensuite venu me dire que je n’avais pas les signes avant-coureurs d’une crise cardiaque, que ce n’était probablement rien de sérieux. Après quelques tests supplémentaires, j’ai reçu mon congé. “Peut-être est-ce quelque chose que vous avez mangé.” m’a dit le docteur, alors que j’avais l’impression que le ciel s’effondrait sur ma tête quelques heures auparavant, en pleine terreur.
Les attaques peuvent être déclenchées par des sources de stress, par exemple par une présentation imminente à donner, ou parfois survenir sans déclencheur évident. Dans mon cas, c’est lorsqu’il n’y avait pas de cause évidente que c’était le plus inquiétant. Comme si tout mon corps cherchait à m’avertir que je fais face à un immense danger, que quelque chose de terrible va se produire de façon imminente. Notre cerveau cherchant à identifier une cause, on risque de se mettre à éviter une foule de situation qu’on associe à tort à une attaque de panique qu’on a vécue. Plus de métro si on a eu une attaque dans le métro, plus de grandes foules si on a eu une attaque dans un tel contexte, et ainsi de suite.
Phobies spécifiques
Les phobies spécifiques sont une peur intense d’un objet, d’une situation ou d’une activité qui n’est objectivement pas dangereuse. Celui qui la vit sait en général que la peur est démesurée, mais il n’arrive pas à la vaincre. Les peurs sont parfois si fortes, que certains feront tout pour éviter l’objet de leur peur. Il peut s’agir d’une peur des serpents, des ascenseurs, ou de prendre l’avion par exemple.
Agoraphobie
L’agoraphobie est une peur des situations où de s’échapper pourrait être difficile ou embarrassant, ou alors de l’aide ne serait pas rapidement présente en cas de symptômes de panique. La peur est démesurée par rapport à la situation et cause en général des problèmes de fonctionnement à l’individu qui en souffre. Les situations typiques sont:
- Les transports en commun
- Les grands espaces ouverts
- Un endroit restreint, fermé
- Faire la file, ou être dans une foule
- Parfois seulement être à l’extérieur de la maison
Celui qui en souffre cherchera à éviter la situation, ou souhaitera être accompagné. Parfois il affronte la situation, mais avec une peur ou une anxiété intense. Lorsque plus sévère, une personne peut ne plus vouloir même sortir de chez elle.
Anxiété sociale ou de performance
Ma préférée, et de loin (sic). Une personne qui souffre d’anxiété sociale (une forme d’anxiété de performance) a une anxiété intense d’être embarrassée, humiliée, rejetée ou diminuée dans diverses formes d’interactions sociales. Ceux qui en souffrent vont parfois chercher à éviter les situations, ou alors les affronter mais en endurant une peur et une anxiété intenses. De manière plus précise, il peut s’agir d’une peur de parler en public (la plus populaire au menu), de rencontrer de nouvelles personnes, de participer à un entretien d’embauche, de performer sur scène, de manger ou boire en public, ou même d’utiliser des toilettes publiques. Une dimension particulière de ce type d’anxiété est qu’il inclut souvent un désir de cacher les symptômes, par exemple de ne pas vouloir rougir, trembler et suer à profusion devant autrui, ce qui ajoute une couche supplémentaire à l’anxiété, en ayant maintenant peur d’avoir peur.
Anxiété de séparation
Ici on parle d’une personne qui serait craintive, de manière excessive, de se séparer de ceux à qui elle est attachée. Il doit s’agir d’une peur qui soit plus grande que ce qui est normalement vécu par un individu du même âge (ici une distinction importante est à faire entre un enfant et un adulte, qui peuvent tous les deux vivre ce type d’anxiété). La personne qui en souffre peut avoir peur de perdre ses proches, ou ne pas souhaiter dormir loin de ceux-ci, ou faire des cauchemars à ce sujet.
Dépression
La dépression, ou épisode dépressif majeur, est une condition relativement fréquente, et sérieuse. Celle-ci a un impact sur comment celui qui en souffre se sent, pense et agit. Elle cause de la tristesse et/ou une perte d’intérêt dans des activités appréciées auparavant. Celle-ci peut s’accompagner d’un ensemble de problèmes émotionnels et physiques, et peut grandement diminuer la capacité d’un individu à fonctionner, que ce soit au travail, ou à la maison. Elle peut venir seule, ou être accompagnée d’anxiété. Je me suis longtemps demandé si mon anxiété causait la dépression, ou si la dépression causait mon anxiété. J’ai maintenant l’impression qu’il s’agit d’une danse où les partenaires s’échangent le rôle de meneur.
Les symptômes peuvent être légers ou sévères et inclure:
- Tristesse ou humeur déprimé
- Perte d’intérêt ou de plaisir dans les activités préalablement appréciées
- Changement à l’appétit – gain ou perte de poids
- Difficulté à trouver le sommeil, ou sommeil trop long
- Perte d’énergie ou fatigue importante
- Se sentir sa valeur, culpabilité
- Difficulté de concentration, et de prise de décision
- Idées de mort et de suicide
« L’un des symptômes d’une proche dépression nerveuse est de croire que le travail que l’on fait est terriblement important.»
Bertrand Russell