La réponse au lundi


Autant de décrire mon état d’âme du lundi était facile lorsque je l’ai écrit, autant l’écriture d’une réponse a demandé un effort important. J’ai fait le choix de l’écrire à la deuxième personne, ce qui me semblait plus facile dans le moment. Voici donc la réponse que je me suis donnée.  

D’abord tu dois savoir que dans le jeu de carte de la vie, on t’a donné une main à ta naissance. Ta main contenait des cartes de sensibilité, d’intelligence, de santé physique, mais aussi des cartes de famille anxieuse, de génétique prédisposée aux troubles anxiodépressifs. Puis, ton éducation a contribué à te forger davantage. Tu n’en es pas responsable, comment aurais-tu pu l’être? En fait, tout ce que tu as vécu dans ta vie détermine qui tu es maintenant. Bien entendu, tu as pris toutes sortes de décisions dans ta vie. Il y a des gestes que tu as choisi de poser, et d’autres que tu n’as pas effectués, ce qui est en soit, est aussi un choix. Cependant, tout ça est déjà chose du passé. Tu ne pouvais pas savoir, au moment de prendre des décisions, de faire des choix, de poser des gestes, ce que ceux-ci engendreraient. En ce sens, tu n’es pas responsable des conséquences de tes choix passés, seulement de tes choix. Bien entendu, tu aurais pu apprendre de tes erreurs, mais il y a des choses pour lesquelles, seul, on n’y arrive pas. Tu ne peux pas changer le passé, tu ne peux que regarder devant, à partir de maintenant. Il n’y a réellement que maintenant où tu peux agir. Cesse donc de ressasser le passé, de rejouer le film de ta vie, d’en regretter certains éléments, ou de souhaiter qu’il en ait été différent. Tout ça est futile.

D’accord alors pour le passé, “Mais encore.” me diras-tu, “Que faire du présent et du futur?”. “Dans le présent, je me sens comme une merde, puis dans le futur, je ne sais comment orienter mes décisions pour aller vers un mieux-être, et je n’arrive pas à arrêter de chercher la solution, j’en fais quoi de ce foutu présent, et surtout de ce futur?”

Commençons par le présent, le seul moment qui existe vraiment selon tous les adeptes du moment présent. Parenthèse nécessaire, bien qu’on agisse dans le présent, on doit tout de même planifier. Il est sain de penser au futur, on ne peut pas toujours être dans le présent, ce n’est pas réaliste. Alors cessons d’angoisser de ne pas être toujours dans le moment présent. Fin de la parenthèse. Alors dans ce présent, tu es bombardé de pensées négatives, tu te sens mal, tu souffres. C’est la tempête dans ton cerveau. Sache que tu travailles à adresser l’ensemble des causes sous-jacentes. Tout le travail que tu a fait pour redéfinir tes valeurs, et les incarner. Tout le travail que tu as fait pour réorienter tes actions vers ce qui est important pour toi. Tout le travail que tu as fait pour vivre une vie ancrée dans ce qui est important pour toi, peu importe la forme que cela doit prendre. Tout ce travail prend du temps, beaucoup de temps, mais tu continues de le faire. Aucun geste instantané ne peut lever le voile de la dépression; il faut t’attendre à ce que le voile se lève tranquillement, en partie à cause des médicaments, mais aussi à cause de tout ce travail que tu fais sur toi. La noirceur reviendra occasionnellement, probablement toute ta vie, mais avec de moins en moins de vigueur. Quand la noirceur est là, ce n’est pas le temps de réfléchir, ce n’est pas le temps de prendre des décisions, ce n’est pas le temps de philosopher. C’est le temps de laisser la tempête passer d’elle-même. Tu agis fondamentalement pour qu’elle se présente moins souvent, et le jour viendra où elle sera moins fréquente. Et lorsqu’elle se présentera, son intensité sera moins forte. Plus tu vas te battre contre cette déprime, plus tu lui accorderas d’importance, plus elle reviendra en force. Ne lui accorde pas trop d’intérêt, accepte là, même si c’est incroyablement difficile, même si c’est particulièrement douloureux, et aie confiance, elle s’en ira. Tu ne cherches plus à l’éviter, tu sais qu’elle signale des changements nécessaires, et tu poses déjà des gestes en ce sens. Pour le reste, sois patient, laisse passer la tempête. Réfugie-toi à la cale, laisse le bateau voguer sur les vagues de lui-même, en occupant ton temps autrement qu’en naviguant. Puis, lorsque la tempête se dissipera, tu pourras sortir sur le pont et naviguer à nouveau. 

Et puis le futur? D’abord, ce n’est pas le temps d’y penser, pas quand la tempête passe. Mais il faudra l’adresser un jour non? Oui, bien entendu, mais sache que tu ne peux pas savoir ce que la vie te réserve dans le futur. Il est souvent bien difficile d’imaginer un objectif complètement précisé, et de concevoir parfaitement le chemin qui y mène. La vie est remplie de hasard, et on la contrôle bien peu dans l’absolu. On a une grande influence sur le déroulement de nos vies, mais on n’a pas le parfait contrôle sur les résultats de nos actions, ce qui se produit dans nos vies, ce qui arrive au quotidien. Cependant, on contrôle entièrement la démarche. Il faut ici faire acte de foi, et savoir viscéralement que de vivre une vie satisfaisante vient de la démarche, est non pas du résultat. C’est cet acte de foi qu’il faut que tu exerces. C’est dans l’ensemble des gestes que tu poseras, ancrés dans tes valeurs, que la satisfaction viendra, et peu importe le résultat obtenu, tu auras vécu, avec joies et peines, mais tu auras vécu. Avec moins d’importance accordée au résultat, avec une confiance renouvelée que la vie saura nous attraper à tout moment, avec cette conviction que lorsqu’on fait le choix de prendre comme phare ce qui compte réellement pour nous, alors l’anxiété se dissipe, alors la dépression qui l’accompagne se lève. Il n’est pas utile d’angoisser sur ce que le futur réserve. Il faut faire ce qui est utile, poser un geste, peu importe lequel, dans la mesure où il semble nous guider vers le phare de ce qui compte.


Les résultats ne sont pas la mesure de notre valeur, c’est l’engagement à la démarche qui l’est réellement. Agir avec intégrité et authenticité. Courir furieusement vers ce qui est important, aller dans la direction qui compte, vivre le sentiment de plénitude qui accompagne la vie bien vécue.

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